đ L Inconscient N Est Il Qu Une Conscience Obscurcie
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Cours Introduction. Nous avons vu, dans le cours sur la conscience, que le caractĂšre privilĂ©giĂ© de la conscience ne peut pas ĂȘtre retenu : 1) elle ne nous donne pas un accĂšs immĂ©diat Ă nous-mĂȘmes; 2) elle nâest pas une entitĂ© substantielle.Câest lâinconscient qui aujourdâhui a pris la place de la conscience, ayant pour consĂ©quence une autre conception de lâhomme.
Tousles matins, câest pareil : avant mĂȘme dâaller faire votre pipi matinal, vous vous Ă©tirez et baillez. Une sorte de rituel inconscient, en somme.
LapremiĂšre chose Ă faire pour dĂ©terminer si quelquâun dort ou sâil est dans un Ă©tat dâinconscience est de vĂ©rifier sâil est rĂ©actif. Essayez de lui parler, de le secouer doucement ou de faire un bruit fort. Sâil ne se rĂ©veille pas aprĂšs tout cela, vous devez rapidement vĂ©rifier sa respiration. En outre, vĂ©rifiez sâil manifeste des symptĂŽmes qui peuvent attester quâil
LInconscient est un terme qui dĂ©signe l'ensemble des processus psychiques qui Ă©chappent Ă la conscience. La conscience, elle, est la connaissance qu'a l'homme de ses pensĂ©es, de ses sentiments et de ses actes. La conscience, par cette possibilitĂ© qu'elle a de faire retour sur elle-mĂȘme, est toujours Ă©galement conscience de soi.
Morale& Politique. La liberté; Le devoir; Le bonheur; La société; Justice & Droit; Le sujet
Bonjour Voilà l'habitation de Potter James. Elle peut dÚs à présent poster! Bonne Journée,
Parcequâil nây a point de conscience animale devant laquelle lâinstinct produise ses effets. Lâinconscient est un effet de contraste dans la conscience. On dit Ă un anxieux : Vous avez peur ce dont il nâa mĂȘme pas lâidĂ©e ; il sent alors en lui un autre ĂȘtre qui est bien lui et quâil trouve tout fait. Un caractĂšre, en ce sens, est inconscient. Un homme regarde sâil tremble
Coursvidéo L'inconscient - Cours de Philosophie Terminale. Dans cette vidéo nous allons nous intéresser à l'inconscient en philosophie en étudiant la position de différents philosophes ayant pu s'intéresser à ce sujet. Cette vidéo vous permettra d'avoir un aperçu complet de ce qu'est l'inconscient en philosophie pour que vous
cAp13e. RĂ©sumĂ©s Le plan de Catholicisme une gageure ? Sans majorer la difficultĂ©, la lecture de plusieurs travaux sur lâĆuvre inaugurale dâHenri de Lubac montre quâil nâest pas aisĂ© dâen saisir toute la signification. Son auteur tĂ©moigne lui-mĂȘme dâun flottement apparent dans la maniĂšre dâĂ©voquer les trois caractĂšres du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel. En sâappuyant sur des publications postĂ©rieures du jĂ©suite, cette Ă©tude propose une nouvelle maniĂšre de rendre compte de lâagencement tripartite de lâouvrage. Il sâagit, par lĂ , dâhonorer la place essentielle accordĂ©e Ă la question de lâunitĂ© ainsi que de repĂ©rer les fondations principales pour une intelligence du christianisme. The plan of Catholicism a challenge? Without exaggerating the difficulty, the study of several works devoted to Henri de Lubacâs inaugural work show that it is not easy to grasp all of its meaning. Its author avows himself to some apparent hesitations in the way of presenting the three dimensions of the Christian dogma social, historical and personal. Based on the Jesuitâs later works, this article proposes a new way of accounting for the tripartite structure of this work. The idea is to honour the essential place accorded to the question of unity, as well as to identify the principal foundations for the understanding of de page EntrĂ©es d'index Haut de page DĂ©dicaceAu PĂšre Georges Chantraine, 1932-2010 Texte intĂ©gral 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M ... 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire », Communio ... 1La vaste Ćuvre thĂ©ologique du PĂšre Henri de Lubac 1896-1991 a trouvĂ© dans Catholicisme 1938 un porche inaugural majeur. Cette premiĂšre publication, pour beaucoup, fut accueillie avec enthousiasme. Balthasar, par exemple, la reçut comme signe dâune percĂ©e pour la pensĂ©e catholique1 ». De nombreuses Ă©tudes se sont ainsi attardĂ©es sur ces pages elles permettent de comprendre plusieurs caractĂ©ristiques du mouvement thĂ©ologique du xxe siĂšcle. Dâune certaine maniĂšre, nous pourrions donc dire que câest un livre connu. Le 70e anniversaire de sa parution fut dâailleurs lâoccasion dâune journĂ©e dâĂ©tude, chaque contribution illustrant le fait que ce livre inaugure en quelque sorte une maniĂšre nouvelle de faire de la thĂ©ologie2 ». 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 Ă. de Moulins-Beaufort, âĂ plusieurs un seul corpsâ. Les dimensions eucharistiques de lâunitĂ© sel ... 2Au cours de cette journĂ©e, Laurent Villemin posait une question cruciale comment tenir ensemble âle caractĂšre Ă la fois social, historique et intĂ©rieur du christianismeâ3 ? » Cette Ă©vocation sâappuie sur la dĂ©signation des trois parties de Catholicisme, telles que son auteur les prĂ©sente. Quoique bien repĂ©rĂ©e, cette triple caractĂ©ristique du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel mĂ©rite pourtant de sây attarder Ă nouveau. Dâune part, en effet, la lecture de commentaires montre que cette articulation nâest pas toujours honorĂ©e. Dâautre part, nous croyons quâelle recĂšle plusieurs principes importants pour lâinterprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne. Car celle-ci tourne essentiellement autour de la question de lâunitĂ©. Ăric de Moulins-Beaufort le soulignait rĂ©cemment les travaux du PĂšre de Lubac ont grandement contribuĂ© Ă remettre lâunitĂ© au premier plan de la conscience chrĂ©tienne ». Ă tel point que cette perspective essentielle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le fonds mĂ©taphysique de ⊠Catholicisme4 ». En interrogeant le plan de lâouvrage, nous voudrions donc aider Ă redĂ©couvrir comment le thĂ©ologien jĂ©suite rend compte du mystĂšre dâunitĂ© vers lequel tend toute lâexistence et de quelle maniĂšre lâintelligence peut en rendre compte. 3Nous verrons, dans un premier temps, comment Lubac aborde la question de lâunitĂ©. Nous manierons ainsi certains de ses concepts favoris, dont celui du paradoxe. Ensuite, nous ferons Ă©cho aux difficultĂ©s dâinterprĂ©tation de lâarchitecture de Catholicisme ; son propre auteur invite, peut-ĂȘtre inconsciemment, Ă ne pas passer trop vite sur cette question. En dernier lieu, nous proposerons un nouvel axe de lecture que la confrontation Ă dâautres Ă©tudes viendra enrichir. Lâenjeu de ces lignes est donc double dâun point de vue factuel, il sâagit de reprendre la question du plan dâun ouvrage essentiel de Lubac. Mais, Ă travers cela, il sâagit surtout de saisir son approche du mystĂšre de lâunitĂ© tel que le christianisme invite Ă le vivre. 1. Lubac, thĂ©ologien de lâunitĂ© 4Le choix primordial de notre auteur dâĆuvrer au service de lâunitĂ© ne trouve pas toujours Ă©cho chez ses lecteurs. Ce souci constant conduira certains, nĂ©anmoins, Ă lâimpression que les travaux lubaciens masquent souvent les oppositions inhĂ©rentes Ă notre existence au profit de rapprochements trop hĂątifs. Une telle apprĂ©ciation est pourtant inadaptĂ©e, empĂȘchant de comprendre le terrain sur lequel se situe Lubac et, en consĂ©quence, les outils quâil se donne pour Ă©chafauder sa rĂ©flexion. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, Ćuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 28 ... 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, Ćuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV ... 5Pour lui, quoique lâexpĂ©rience confronte effectivement Ă de multitudes oppositions, lâunitĂ© demeure toujours premiĂšre unitĂ© du genre humain, notamment ; unitĂ©, dĂšs lors, de tout ce qui est relatif Ă la personne. DâoĂč le renversement de la formule bien connue de Jacques Maritain Distinguer pour unir5 ». Le conseil est excellent, reconnaĂźt Lubac, mais sur le plan ontologique la formule complĂ©mentaire ne sâimpose pas avec moins de force unir pour distinguer6 ». Pour notre auteur, la valorisation des caractĂ©ristiques individuelles ne peut se faire efficacement quâen fonction dâune harmonie prĂ©alablement dĂ©signĂ©e, qui doit orienter toute lâanalyse. On perçoit son approche particuliĂšre dans cette formule distinguer les deux Ă©lĂ©ments pour les unir, les unir pour les distinguer, manifester leur distinction prĂ©cisĂ©ment Ă lâintĂ©rieur de leur union7 ». 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă V. Franco Gomes, Le ... 6Cette interprĂ©tation du mystĂšre de lâĂȘtre trouve dans le paradoxe lâoutil rĂ©flexif le plus adĂ©quat. Ă cause de la fonction quâil lui attribue, il est impossible de passer Ă cĂŽtĂ© de cet aspect de la pensĂ©e du jĂ©suite8. Le paradoxe est le schĂšme permettant de situer les oppositions Ă lâintĂ©rieur dâune rĂ©alitĂ© unifiĂ©e qui intĂšgre leur valeur singuliĂšre. Le rapport entre ancienne et nouvelle Alliance est lâexemple par excellence de cette logique paradoxale la RĂ©vĂ©lation est unique et profondĂ©ment unifiĂ©e ; mais elle se dĂ©ploie Ă travers deux lois qui, dâun point de vue formel, sâopposent. Un passage dâExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale aidera Ă apprĂ©cier cette orientation fondatrice 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de lâĂcriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, ... Un tel accord [entre les deux Testaments] est quelque chose dâunique, dont aucun exemple ne rendrait exactement compte, quoique le vocabulaire dans lequel on le dĂ©finit soit empruntĂ© Ă la musique et quâil en reçoive certains Ă©claircissements. Ce nâest pas lâaccord dâun simple parallĂ©lisme, ni dâune simple hiĂ©rarchie, mais dâune vĂ©ritable unitĂ©. Mais une telle unitĂ© nâest pas davantage confusion. Il sâagit de consonance, câest-Ă -dire dâune harmonie rĂ©alisĂ©e par convergence entre choses dâabord dissemblables et reconnues telles ; dâune paix merveilleuse, Ă©tablie Ă la suite dâune guerre au moins apparente ; dâune symphonie, vocum disparium inter se dulcis concetus. Il sâagit, entre les deux parties du Livre, dâune co-aption rigoureuse ; dâun agencement organique et dâune correspondance sans dĂ©faut9. 10 H. de Lubac, Paradoxes, Ćuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie ... 11 H. de Lubac, Surnaturel. Ătudes historiques, Paris, Lethielleux â 2010, p. 484. 7Tout au long de ses travaux, Lubac rendra compte de nombreuses antinomies dont les deux Testaments sont un archĂ©type. Le paradoxe, Ă©crivait-il, est partout dans le rĂ©el, avant dâĂȘtre dans la pensĂ©e. Il y est partout Ă demeure. Il y renaĂźt toujours. Lâunivers lui-mĂȘme, notre univers en devenir, est paradoxal10 ». Il est bien des cas, dĂšs lors, oĂč le paradoxe est signe nĂ©cessaire de vĂ©ritĂ©11 ». Cependant, pour que cette vĂ©ritĂ© soit pleinement honorĂ©e, il faut intĂ©grer le paradoxe dans un cadre conceptuel plus large encore. Ă notre connaissance, notre auteur ne dĂ©finit jamais ce passage explicitement ; la prise en compte de lâensemble de son Ćuvre y conduit pourtant nĂ©cessairement. 8Ă lâintĂ©rieur dâune unitĂ© ontologique, lâopposition paradoxale sâĂ©claircit grĂące Ă un autre principe dâintelligence du rĂ©el la corrĂ©lation radicale ». Cette expression se rĂ©fĂšre au jeu dâopposition caractĂ©ristique du paradoxe. Mais celui-ci est prolongĂ© ; car lâidĂ©e de corrĂ©lation souligne plus spĂ©cifiquement lâintĂ©rioritĂ© mutuelle des rĂ©alitĂ©s opposĂ©es, aucune dâentre elles ne pouvant se dĂ©finir isolĂ©ment. Lubac le repĂšre Ă propos de la vie de lâĂglise 12 H. de Lubac, Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. ... Puisquâil y a intĂ©rioritĂ© ou inclusion mutuelle, il y a corrĂ©lation radicale, si bien quâil ne suffirait pas de dire que les Ăglises particuliĂšres ont Ă ĂȘtre insĂ©rĂ©es dans lâĂglise universelle elles le sont par leur existence mĂȘme. Aussi lâĂglise universelle nâest-elle point une dâune unitĂ© fĂ©dĂ©rative » ⊠elle est lâĂ©pouse du Christ. Son unitĂ© est organique et mystique »12. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, Ćuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 1 ... 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant lâindispensable fonction de lâintelligence des Ăcritur ... 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment se ... 9Quoiquâon trouve plusieurs anticipations de lâidĂ©e de corrĂ©lation, il faudra attendre 1971 pour quâune courte Ă©tude ecclĂ©siologique en rĂ©vĂšle lâimportance. Catholicisme et Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, de ce fait, fonctionnent en systĂšme le premier expose le principe dâunitĂ© propre au christianisme ; le second en montre une rĂ©alisation concrĂšte. Par la rĂ©daction de ce dernier, avouera son auteur, jâabordais pour la premiĂšre fois directement le terrain des institutions13 ». En sâimmisçant Ă lâintĂ©rieur de la vie de lâĂglise, un aspect significatif de son mode dâexistence apparaĂźt ainsi. Sur ce terrain nouveau, le principe du paradoxe prend alors une nouvelle dimension ; il ne sâagit pas dâinterprĂ©ter le rĂ©el Ă travers la seule confrontation dâĂ©lĂ©ments antagonistes la fĂ©conditĂ© de cette opposition est Ă prĂ©sent mĂ©diatisĂ©e par un troisiĂšme terme qui assure leur mutuelle rencontre14. Tout comme lâarticulation entre les Ăglises particuliĂšres et lâĂglise universelle requiert le service dâun centre », lâĂglise de Rome, chaque paradoxe suppose une entitĂ© concrĂšte Ă lâintĂ©rieur de laquelle peuvent se rencontrer les Ă©lĂ©ments antagonistes15. 16 G. Chantraine, La âcorrĂ©lation radicaleâ des Ăglises particuliĂšres et de lâĂglise universelle che ... 17 G. Chantraine â Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. ... 10Il y aurait Ă©videmment bien plus Ă dire sur cette logique, dont Georges Chantraine dira quâ Henri de Lubac sâ[y] rĂ©fĂšre du dĂ©but Ă la fin de son Ćuvre16 ». En effet, elle nâa quasiment jamais Ă©tĂ© prise en compte nul, Ă notre connaissance, Ă©crivait encore Chantraine, nâa rĂ©flĂ©chi sur la âcorrĂ©lation radicaleâ entre Ăglises particuliĂšres et Ăglise universelle17 ». Dans le cadre de cet article, nous pouvons nous en tenir Ă relever ces deux points dâune part, le principe du paradoxe est entiĂšrement relatif Ă une vision unifiĂ©e de la rĂ©alitĂ© ; dâautre part, la fĂ©conditĂ© du paradoxe lubacien se dĂ©ploie, dans le cadre de la corrĂ©lation radicale, au moyen dâun pĂŽle central indispensable. Nous allons voir, Ă prĂ©sent, que cette logique est nĂ©cessaire pour interprĂ©ter la perspective dâensemble de Catholicisme. 2. Comment interprĂ©ter Catholicisme ? 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă une reprise ... 11Si la question de Laurent Villemin relevĂ©e plus tĂŽt dĂ©signait le cĆur de notre recherche, une autre de ses rĂ©flexions va indiquer un lieu de difficultĂ© significatif. Pour lui, lâ antinomie » entre personne » et sociĂ©tĂ© » ne fut ⊠jamais [Ă©levĂ©e] au rang de paradoxe18 ». Cette remarque pourra surprendre elle invite Ă sâintĂ©resser de prĂšs au vocabulaire de Lubac et Ă la logique fondamentale ainsi traduite. Ceci Ă©tant, nous verrons que le jĂ©suite nâest lui-mĂȘme pas toujours trĂšs explicite. a. Lâapparent morcellement du travail lubacien 19 Lettre de Lubac Ă G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, ... 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ anciennes Ă lâendroit de son auteur. DĂšs le temps du s ... 12 Mon bouquin ne vaudra pas grand-chose, et je ne mây suis guĂšre intĂ©ressĂ© que mĂ©diocrement. Si les circonstances sây prĂȘtaient, jâaimerais me mettre, dans quelques mois, Ă quelque travail plus sĂ©rieux19 ». Tel Ă©tait le jugement posĂ© par Lubac sur sa premiĂšre publication en replaçant ces mots dans leur contexte, on peut comprendre la distance du jĂ©suite par rapport Ă son propre travail20. 21 H. de Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. II. 13Pour autant, cette rĂ©serve trouvera un Ă©cho bien plus tard mon premier livre fut Catholicisme 1938. Il est fait de piĂšces et de morceaux, dâabord indĂ©pendants, cousus tant bien que mal en trois parties, sans aucun plan prĂ©conçu21 ». Peu de commentaires reprennent cette ouverture du deuxiĂšme chapitre du MĂ©moire 1989, tĂ©moignage souvent balayĂ© pour mettre en valeur lâhumilitĂ© de son auteur, quand ce nâest pas son humour. Câest lĂ une boutade », Ă©crit le PĂšre Stern22. Mais le recoupement entre le jugement des annĂ©es quarante et celui des annĂ©es quatre-vingts ne saurait ĂȘtre trop vite traitĂ©. Dâun bout Ă lâautre de la chaĂźne, nous rencontrons plutĂŽt une mĂȘme rĂ©serve qui devrait interpeller. 23 Congar, Sainte Ăglise. Ătudes et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, ... 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 14Le PĂšre Congar, Ă cet Ă©gard, nâavait-il pas raison dâindiquer que, Ă parcourir le volume, on peut avoir lâimpression dâun certain manque dâunitĂ© »23 ? Jean-Pierre Wagner, Ă son tour, fera remarquer que lâargumentation thĂ©ologique de Catholicisme est complexe, les thĂšmes abordĂ©s Ă©tant trĂšs nombreux24 ». 25 Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25-26. 15ReconnaĂźtre lâindĂ©niable valeur de lâouvrage, en rĂ©alitĂ©, ne devrait pas ignorer la difficultĂ© dâinterprĂ©tation de lâensemble. Au reste, Lubac encourage une telle analyse Catholicisme rĂ©pondait sans doute âĂ lâair du tempsâ. Emmanuel Mounier aimait y trouver une base doctrinale pour sa ârĂ©volution personnaliste et communautaireâ beaucoup, depuis lors, ont bien oubliĂ© la premiĂšre des deux Ă©pithĂštes !. Aussi lâouvrage a-t-il Ă©tĂ© souvent citĂ©. Mais souvent on sâen est tenu Ă sa premiĂšre partie, ce qui a pu contribuer Ă en fausser la signification25 ». Ce livre a donc une signification ; son organisation tripartite, pour involontaire quâelle fĂ»t, devrait en rendre compte. Il y a donc lieu de sâattarder au mouvement interne de cette Ćuvre. Nous le ferons, dans un premier temps, en mesurant les hĂ©sitations dont plusieurs commentaires conservent la trace. b. Les limites dâune interprĂ©tation spatiale » de Catholicisme 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de lâunitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement sur ... 16Bien des prĂ©sentations de lâouvrage montreront que lâinsatisfaction du jĂ©suite Ă©tait autant prophĂ©tique que rĂ©trospectif Catholicisme se dĂ©robe aisĂ©ment Ă une saisie dâensemble. Comme si lâ aperception rĂ©elle » recommandĂ©e au terme de lâouvrage, pour saisi[r] dâun seul regard ⊠le lien du personnel et de lâuniversel », trouvait dans lâagencement global de son travail une illustration singuliĂšre. Et pour cause lâidĂ©e de lâunitĂ©, rappelait notre auteur, nâest pas lâunitĂ© mĂȘme » ; le simple rapprochement entre plusieurs Ă©lĂ©ments ne suffit pas. Pour comprendre intĂ©gralement Catholicisme, il faudrait donc appliquer le principe posĂ© par son auteur, condition nĂ©cessaire permettant cette aperception » elle doit se rĂ©aliser, disait-il, hors de toute intuition spatiale26 ». 27 Lâun des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est quâelle ⊠nâoffre plus u ... 17Le point dâachoppement de ce travail se situe dans lâarticulation entre les deux premiers moments entre le caractĂšre social » et le caractĂšre historique » du dogme chrĂ©tien. Par voie de consĂ©quence, il sâagit de comprendre la position du caractĂšre personnel » du dogme, troisiĂšme partie de lâĆuvre. Si Lubac dĂ©plorait que la premiĂšre, seule, fĂ»t rĂ©guliĂšrement extraite de lâensemble, il faut discerner une rĂ©percussion spontanĂ©e des mentalitĂ©s ou orientations gĂ©nĂ©rales de la pensĂ©e de ses contemporains27. Lâaspiration Ă penser le social », Ă en ouvrir une nouvelle voie de rĂ©alisation Ă©tait, dans lâentre-deux-guerres, un souci permanent. NĂ©anmoins, pour ce qui touche Ă lâintĂ©gration proprement dite de lâouvrage, ses lecteurs sont gĂ©nĂ©ralement arrĂȘtĂ©s par les deux premiĂšres parties le caractĂšre social ou historique du dogme. Quelques exemples suffiront Ă le voir. 18Balthasar, dont nous avons rappelĂ© lâimportance dans la rĂ©ception de ce volume, est aussi un bon tĂ©moin de cette ambiguĂŻtĂ© 28 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. Lâhomme et son Ćuvre, coll. Le sy ... Au dĂ©but se prĂ©sente Catholicisme 1938 âŠ. Trois parties les deux premiĂšres exposent les deux traits majeurs de la rĂ©alitĂ© catholique 1. la dimension sociale » entendons la solidaritĂ© universelle en fait de salut de lâhumanitĂ© ; 2. la dimension historique » la signification de la temporalitĂ© et de lâhistoire. Elles sont complĂ©tĂ©es par une troisiĂšme partie, qui montre dâabord lâactualitĂ© des exposĂ©s prĂ©cĂ©dents âŠ, puis la dialectique qui joue nĂ©cessairement entre personne et communautĂ© ch. 11, entre salut immanent et salut transcendant ch. 1228. 29 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar â G. Chan ... 31 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 157. 32 Ă. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 19Balthasar fait ainsi se rĂ©pondre directement le social » et lâ historique ». DĂšs lors, la troisiĂšme partie de lâouvrage apparaĂźt comme une reprise mĂ©thodologique de ce qui prĂ©cĂšde ; pour cette raison, le chapitre 10 pourrait se placer au dĂ©but, comme une introduction Ă lâouvrage29 » ; suggestion que reprendra Russo la troisiĂšme [partie] ⊠intĂšgre les prĂ©cĂ©dentes et comprend un chapitre âŠ, pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une introduction gĂ©nĂ©rale Ă tout le volume et donc, placĂ© au dĂ©but30 ». Dans un mĂȘme ordre dâidĂ©e, Wagner faisait remarquer que la troisiĂšme partie commence par un chapitre au titre prĂ©cis ouvrant tout un programme âLa situation prĂ©senteâ31 ». Plus rĂ©cemment, Moulins-Beaufort sâinterrogeait sur une particularitĂ© du plan de Catholicisme ». Constatant que son auteur nâexpose quâen troisiĂšme partie le lieu dâorigine de lâindividualisme, il interroge pourquoi ce diagnostic vient-il si tard ? Parce quâil lui [Lubac] importe peu de dĂ©signer un mal auquel tous participent ; il essaie de donner le goĂ»t de lâunitĂ© Ă laquelle Dieu nous appelle et dans laquelle seulement notre humanitĂ© Ă chacun peut sâĂ©panouir vraiment32 ». 20Ces Ă©tudes montrent deux choses dâune part, saisir la perspective dâensemble de lâĆuvre demande une attention prĂ©cise aux expressions employĂ©es par lâauteur. On ne sera jamais trop prudent en pesant chacune de ses formules. Dâautre part, alors que le lien entre les deux premiĂšres parties sâimpose, lâintĂ©gration de la troisiĂšme complique lâanalyse est-ce une reprise mĂ©thodologique, Ă lâimage de son chapitre 10 ? Ou y a-t-il une autre intention ? 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil dâune Ćuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, LâidĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme ... 35 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 154. 21Il y a peu, un lecteur Ă©crivait que les trois derniers chapitres de Catholicisme ont un caractĂšre assez diffĂ©rent [au regard de ceux qui prĂ©cĂšdent], mais manquent dâentrain !33 ». Russo ou Wagner ne lâentendent pas ainsi tout en reprenant lâarticulation entre les deux premiers termes, ils posent un regard diffĂ©rent sur le troisiĂšme moment de lâouvrage. Pour le premier jusque dans la troisiĂšme partie du volume, câest-Ă -dire dans les pages les plus personnalistes, et donc Ă premiĂšre vue les moins rattachables au dĂ©veloppement dâune rĂ©alitĂ© sociale, ce caractĂšre unitaire Ă©merge constamment et lâoblige [Lubac] du mĂȘme coup, Ă thĂ©matiser les rapports entre la distinction et lâunitĂ©, ou mieux, entre le personnel et lâuniversel, dans une intĂ©gration rĂ©ciproque des deux termes34 ». Pour le second lâouvrage comporte trois parties. Les deux premiĂšres honorent successivement la dimension sociale et la dimension historique du catholicisme, la troisiĂšme partie, plus soucieuse de prĂ©senter la situation thĂ©ologique prĂ©sente, sâefforce de montrer que le double caractĂšre historique et social du catholicisme nâest pas Ă comprendre dans un sens purement temporel et terrestre, mais quâil est sans cesse Ă articuler avec les autres vĂ©ritĂ©s du dogme catholique, Ă savoir la double affirmation des droits de la personne et de la transcendance35 ». 22Pour lâun et lâautre, si lâarticulation entre les deux parties initiales de Catholicisme est premiĂšre, il faut la conjuguer avec une autre rĂ©alitĂ©, dont la derniĂšre partie est lâemblĂšme. Russo parlait dâ intĂ©gration rĂ©ciproque », Wagner dâ articulation » nĂ©cessaire dans un cas comme dans lâautre, il sâagit dâhonorer les requĂȘtes de cette troisiĂšme partie. Elle nâest pas une simple reprise mĂ©thodologique » ceux mĂȘmes qui sâarrĂȘtaient plus tĂŽt sur la spĂ©cificitĂ© logique du dixiĂšme chapitre indiquent Ă©galement que lâensemble du troisiĂšme moment de lâouvrage est indispensable pour interprĂ©ter sa logique sous-jacente. Nous allons voir, cependant, que notre auteur manque Ă©galement, tout au moins en apparence, de cohĂ©rence. c. Les hĂ©sitations internes Ă Catholicisme 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, t. 1, p. 192. 23Nous allons maintenant reprendre lâanalyse introduite par nos prĂ©dĂ©cesseurs, attribuant au PĂšre de Lubac la remarque quâil fera Ă propos de Jean Cassien 355-435, auteur de cĂ©lĂšbres Collationes. Sur la question de lâordonnancement tripartite des sens de lâĂcriture, le jĂ©suite constatait chez son devancier un certain flottement sans doute inconscient, mais qui nâen est pas moins significatif36 ». Nous pourrions retourner ce propos Ă son auteur, car Catholicisme est Ă©galement le lieu dâun certain flottement ; et sâil est Ă©galement inconscient, il nâen sera pas moins significatif. 37 En gros, lâon peut dire que lâouvrage veut montrer le caractĂšre Ă la fois social, historique et i ... 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les v ... 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous lâavons fait le caractĂšre ... 24Lubac parle des trois parties de Catholicisme â dont chacune est dĂ©signĂ©e par un terme caractĂ©ristique social », histoire », personnel » â comme dâune triple note »37. Et son commentateur pourra indiquer que nous tenons ici le plan vĂ©ritable de Catholicisme »38. Dans les diffĂ©rentes Ă©vocations que fait Lubac de cet agencement, lâordre des parties est pourtant souvent inversĂ©. Comme cela se produit rarement chez Lubac, on ne peut considĂ©rer ce phĂ©nomĂšne comme une simple anecdote. Nous constatons plutĂŽt une tendance gĂ©nĂ©rale et contextualisĂ©e. Ainsi, chaque fois que Lubac Ă©voque, seuls, les deux premiers Ă©lĂ©ments, nous lâentendons parler de double caractĂšre historique et social » câest le cas dĂšs lâintroduction, mais aussi tout au long de lâouvrage39. Ă lâinverse, lorsquâil Ă©voque lâensemble des trois parties, il conserve lâordonnancement initial social â historique â personnel40. Si cette trichotomie lubacienne illustre lâorganisation de lâouvrage, son auteur prend donc toute libertĂ© pour en bouleverser lâordre lorsquâil rassemble en formules serrĂ©es le double caractĂšre » du dogme chrĂ©tien. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre⊠», p. 265. 42 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche dâun homme nouveau », dans Affrontements mystiques, Ćuvres complĂšte, t. ... 25Par ailleurs, que ce soit dans Catholicisme ou dans dâautres publications, Lubac perturbe davantage ce qui pouvait sembler acquis initialement. Une formulation de lâarticle de 1936, câĂ©tait encore un MystĂšre qui devait se rĂ©aliser, sâaccomplir historiquement et socialement41 », oĂč nous retrouvons lâordre inversĂ© des deux premiĂšres parties de lâarticle, sera ainsi reprise et prolongĂ©e historiquement et socialement, quoique toujours spirituellement42 ». Dans un autre texte, concernant la vision chrĂ©tienne de lâhomme, Lubac parlera Ă©galement dâun double caractĂšre dâhistoricitĂ© et dâintĂ©rioritĂ©43 » ; lĂ , semble-t-il, lâaspect social a disparu. 26Que conclure ? Si le plan matĂ©riel de Catholicisme, Ă premiĂšre vue, est limpide, Lubac ne le ressaisit pas nĂ©cessairement comme tel. Au contraire au triple caractĂšre » auquel nous pourrions nous attendre, il en substitue frĂ©quemment un double », intervertissant ses Ă©lĂ©ments constitutifs et sans ouvrir au troisiĂšme. Lâarticulation majeure de lâĆuvre, comme ce le fut bien souvent, pouvait ainsi lĂ©gitimement ĂȘtre perçue entre les deux premiers moments. Mais plusieurs interprĂštes de la thĂ©ologie lubacienne ont soulignĂ© lâimportance dâassumer lâarchitecture complĂšte de lâouvrage. Et son auteur, en premier lieu, soulignait quâune mutilation dâune des parties de Catholicisme pouvait en pervertir la signification. La question du plan de cette Ćuvre inaugurale requiert donc un effort dâanalyse. Pour que la rĂ©ponse apportĂ©e porte tout son fruit, il faut se dĂ©solidariser dâune interprĂ©tation spatiale » des Ă©lĂ©ments mis en exergue par notre auteur. Russo, Wagner ou Balthasar ont ouvert la voie ; nous aimerions prolonger leur Ă©tude. 3. Vers la reconnaissance du double regard de Catholicisme 27AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© briĂšvement notre hypothĂšse de lecture de Catholicisme, nous la confronterons Ă trois autres approches. Si chacune dâentre elles appuiera plusieurs aspects de notre lecture, elles permettront aussi dâinstaurer en dialogue permettant de souligner deux façons diverses dâaborder la question de lâunitĂ©. a. Catholicisme une illustration singuliĂšre du paradoxe lubacien 44 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie ... 28Pour saisir lâarchitecture dâensemble de Catholicisme, nous pouvons nous arrĂȘter sur un passage-clĂ© du chapitre 5 seul le christianisme affirme Ă la fois, indissolublement, pour lâhomme une destinĂ©e transcendante et pour lâhumanitĂ© une destinĂ©e commune ». Ă cette affirmation, il faut ajouter la suite, non moins capitale de cette destinĂ©e toute lâhistoire du monde est la prĂ©paration44 ». Notre hypothĂšse de lecture sâancre ici ; cette phrase a souvent Ă©tĂ© citĂ©e, mais il faut la faire ressortir sous le jour de la corrĂ©lation radicale » pour en saisir toute la portĂ©e. 45 Lubac en donnait dâailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©t ... 29Plus quâentre les deux premiĂšres parties, lâarticulation essentielle de lâouvrage est bien Ă situer entre la premiĂšre et la derniĂšre ; câest-Ă -dire entre les caractĂšres sociaux » et personnels ». Nous avons rencontrĂ© cette suggestion plus tĂŽt45. Mais il faut ajouter un Ă©lĂ©ment sâil y a corrĂ©lation radicale » entre ces deux caractĂšres paradoxaux, il doit y avoir un centre ». En ce cas, cette fonction revient Ă la partie intermĂ©diaire de lâouvrage lâ histoire », prĂ©sentĂ©e ici comme prĂ©paration ». 46 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 30Cette hypothĂšse de lecture cherche Ă saisir dans son ensemble le parcours thĂ©ologique tel que Lubac le propose dans Catholicisme. Sâil se dĂ©solait que lâorientation de son travail ait pu ĂȘtre dĂ©voyĂ©e, cela tient Ă la difficultĂ© de tenir le paradoxe entre les pĂŽles social » et personnel » du dogme. LâunitĂ© catholique, pour le jĂ©suite, ne peut ĂȘtre reçue quâen assumant la spĂ©cificitĂ© de ces deux axes point de rĂ©elle unitĂ© sans altĂ©ritĂ© persistante », Ă©crivait-il46. Par ailleurs, cette proposition de lecture permet de mieux comprendre la place spĂ©cifique de lâhistoire. Ce caractĂšre du christianisme est Ă concevoir comme le centre » grĂące auquel les deux autres Ă©lĂ©ments peuvent se fĂ©conder mutuellement. La lumiĂšre divine unit la rĂ©alitĂ© créée et permet Ă chaque libertĂ© de se dĂ©ployer Ă travers lâĂ©toffe historique de lâĂȘtre. 47 H. de Lubac, Le drame de lâhumanisme athĂ©e, Ćuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 31Ă la suite de nombreux prĂ©dĂ©cesseurs, la lecture que nous proposons souligne la complexitĂ© de Catholicisme. Si, linĂ©airement, son plan semble aisĂ© Ă suivre, il nâest pas aussi simple dâen intĂ©grer la perspective thĂ©ologique fondamentale. Nous voyons, au contraire, que le mode dâintelligibilitĂ© qui se dĂ©ploie dans lâouvrage de 1938 nâest vraiment manifeste quâĂ la lumiĂšre de lâecclĂ©siologie de son auteur. En recoupant le principe de la corrĂ©lation radicale » avec les trois parties de Catholicisme, nous entendons Ă©galement souligner lâapport de diffĂ©rents lieux dâintelligibilitĂ© de la foi chrĂ©tienne concernant lâunitĂ©. LâĆuvre thĂ©ologique du jĂ©suite tend vers ce but engager lâesprit humain Ă assumer toutes les exigences de la foi chrĂ©tienne pour faire Ćuvre dâunitĂ©, qui est le sceau de Dieu sur son ouvrage47 ». 32Par la confrontation de cette hypothĂšse avec les interprĂ©tations de quelques-uns de nos prĂ©dĂ©cesseurs, nous souhaitons terminer notre parcours en insistant sur trois aspects indispensables pour lâinterprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne de lâunitĂ©. La logique formelle du plan de Catholicisme que nous avons proposĂ© ne peut dispenser dâune analyse plus approfondie de ce qui met effectivement le christianisme au service de lâunitĂ©. b. Balthasar et lâorganicitĂ© de lâĆuvre lubacienne 48 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ© ... 33Balthasar, tout dâabord, peut soutenir notre approche. En se fondant sur la lecture de pages qui deviendront le MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, il fut en effet le premier Ă qualifier dâ organique » lâensemble des travaux de son ami. Il montrait ainsi quâĂ lâintĂ©rieur de la multiplicitĂ© des sujets, ⊠il rĂšgne une unitĂ© organique manifeste48 ». Or, si lâĆuvre tout entiĂšre Ă©tait qualifiĂ©e de cette maniĂšre, son premier volume recevait Ă©galement une note caractĂ©ristique celle de la synthĂšse ». La hauteur de la vision [lubacienne] donne la mesure de la vigueur avec laquelle lâĂ©lan de la pensĂ©e se fait sentir dans lâensemble de lâĆuvre â depuis la synthĂšse hardiment construite dans Catholicisme jusquâĂ lâĂ©tude ⊠sur Pic de la Mirandole49 ». 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©o ... 51 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 50-51. 52 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 66, note 6. 34Le vocabulaire lubacien de lâunitĂ© se retrouve dans les termes employĂ©s ici. Chez le jĂ©suite, lâunitĂ© rĂ©elle est toujours organique » ; et sa saisie rĂ©flexive ne sera jamais mieux rendue que par une synthĂšse » strictement construite. Pour autant, nous avons vu que cette construction ne peut atteindre son objectif quâen rĂ©solvant le problĂšme des oppositions complĂ©mentaires. LĂ encore, Balthasar ouvrait la voie, Ă©voquant lâidĂ©e dâun centre trĂšs tĂŽt, H. de Lubac se rendit compte que sa position le mettait en un centre flottant dans lequel il ne pouvait pratiquer aucune philosophie sans son dĂ©passement dans la thĂ©ologie, ni dâailleurs aucune thĂ©ologie sans sa substructure essentielle et intime de philosophie ». En Ă©cho Ă Sur la philosophie chrĂ©tienne » de notre auteur 193650, nous retrouvons dans ces termes lâarticulation du paradoxe » qui sâexpose partout ailleurs ce centre, poursuit Balthasar, fut ⊠lâĂ©lĂ©ment vital de sa [Lubac] pensĂ©e ; au dĂ©but ce fut en opposition Ă la dichotomie moderne telle que Cajetan lâavait introduite dans son interprĂ©tation de Thomas ; aujourdâhui câest en opposition Ă une nouvelle forme de schizophrĂ©nie chrĂ©tienne qui sâincline ⊠devant le rationalisme et le sĂ©cularisme ⊠scientifiques postkantiens51 ». Les termes de dichotomie » et de schizophrĂ©nie » indiquent parfaitement ce contre quoi Lubac voulut toujours lutter ; Balthasar le percevait bien qui, sans parler ici de paradoxe », lâĂ©voquait encore par son attention Ă lâidĂ©e [lubacienne] de lâĂ©quilibre antinomique, du rythme des oppositions, de lâascension dialectique52 ». 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28. Lâauteur poursuit la tragique scission ... 54 Aujourdâhui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, ... 35Ces mots montrent que lâami dâHenri de Lubac concevait bien le travail de ce dernier comme lâexpression dâun constant effort au service de lâunitĂ© de la rĂ©vĂ©lation chrĂ©tienne. Ceci Ă©tant, Balthasar ne va pas â pour ce qui concerne Catholicisme â jusquâĂ rĂ©flĂ©chir sur le positionnement spĂ©cifique des diverses parties constituant cette Ćuvre. Le caractĂšre historique du dogme chrĂ©tien, pour fondamental quâil soit, ne reçoit pas de fonction particuliĂšre Ă lâintĂ©rieur de cette unitĂ© paradoxale. La thĂ©ologie, Ă©crivait-il, trouve dans le dessein de la RĂ©vĂ©lation mĂȘme lâĂ©chelle exacte de sa forme et de sa structure. Ce qui est important Ă la substance de la RĂ©vĂ©lation doit lâĂȘtre aussi Ă la thĂ©ologie53 ». Cela vaut nĂ©cessairement Ă propos de lâhistoire54. Lâaccord de fond des deux thĂ©ologiens est donc sans ambiguĂŻtĂ©. Notre proposition de lecture de Catholicisme Ă©pouse ainsi la perception balthasarienne ; mais elle la prolonge. 36Peut-ĂȘtre permettrait-elle, par extension, de mieux voir les dĂ©placements internes dans les travaux postĂ©rieurs du PĂšre de Lubac. En soutenant dâemblĂ©e lâidĂ©e dâorganicitĂ©, Balthasar a créé un mouvement auquel la majoritĂ© des interprĂštes se rallie la thĂ©ologie lubacienne serait Ă ce point structurĂ©e que chacun de ses travaux trouve son anticipation dans Catholicisme. Une telle vue, sans ĂȘtre absolument fausse, ne fait pas suffisamment droit aux Ă©volutions subsĂ©quentes du jĂ©suite ni aux hĂ©sitations dont sa premiĂšre Ćuvre conserve la marque. Mais, plus encore, elle ne permet pas de rĂ©flĂ©chir avec suffisamment dâattention la valeur du point central de la thĂ©ologie lubacienne. Tout en recevant un point dâappui Ă©vident dans lâidĂ©e dâorganicitĂ© mise en avant par Balthasar, notre hypothĂšse de lecture permet donc dâinterpeller avec plus de force la valeur opĂ©ratoire du centre de la synthĂšse du dogme chrĂ©tien lâhistoire. c. Laurent Villemin ouverture sur les sens de lâĂcriture 55 Villemin, FĂ©condité⊠», p. 107. 108. 37Dans un article dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, Laurent Villemin Ă©crivait que lâ approfondissement de la foi [que sert lâarticulation entre personnel » et social »] renvoie chez de Lubac Ă une intelligence des Livres Saints ». Ă tel point que le travail dâHenri de Lubac sur les sens de lâĂcriture trouve ici un Ă©clairage nouveau en tant quâil permet de comprendre lâarticulation entre lâaspect social, historique et intĂ©rieur du Christianisme55 ». Cette lecture va permettre de rĂ©soudre la difficultĂ© relevĂ©e Ă propos de la restitution, par Lubac, de lâagencement de son propre travail. Comment comprendre lâinversion des deux premiers termes social » et historique », accompagnĂ©e dâune Ă©viction presque systĂ©matique du troisiĂšme personnel » ? 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă la distinction que Lubac fait entre le syst ... 38Catholicisme, en rĂ©alitĂ©, est traversĂ© par deux perspectives. La premiĂšre correspond au principe du paradoxe » ou de la corrĂ©lation » que nous avons dĂ©gagĂ© plus tĂŽt. Sa logique est synchronique. Ici, lâhistoire est centrale en elle sâopĂšre cette alchimie secrĂšte entre la sociĂ©tĂ© et la personne individuelle. La seconde perspective rĂ©pond Ă celle des sens de lâĂcriture » sa logique est diachronique. Dans cette seconde orientation, lâhistoire prĂ©cĂšde le social ; et la dimension personnelle ou spirituelle vient au terme dâun chemin conduisant le croyant toujours plus au cĆur du MystĂšre56. 39La confirmation rencontrĂ©e dans la lecture de Balthasar appelait un prolongement une analyse plus approfondie du rĂŽle de lâhistoire dans la corrĂ©lation entre le caractĂšre social et le caractĂšre personnel du dogme. En relevant le lien entre le paradoxe de Catholicisme et le sens spirituel de lâĂcriture, lâapproche de Villemin invite Ă ce pas supplĂ©mentaire selon la perspective envisagĂ©e, la rĂ©alitĂ© de lâhistoire ne rĂ©pond pas de la mĂȘme nĂ©cessitĂ©. Autrement dit, la structuration organique de Catholicisme ne peut pas rester figĂ©e. Au contraire elle doit pouvoir sâouvrir pour quâune intĂ©gration progressive de la portĂ©e spirituelle de lâĂ©conomie du salut puisse se faire. Les deux perspectives reconnues, en ce sens, ne sont pas simplement deux maniĂšres de voir distinctes. Il ne sâagit pas dâoptions thĂ©ologiques se suffisant Ă elles-mĂȘmes. La saisie de lâorganicitĂ© de la foi chrĂ©tienne selon laquelle lâhistoire est au centre du mystĂšre nâa vraiment de sens que si elle peut se dĂ©ployer Ă travers la logique ascendante de lâintelligence spirituelle en ce cas, lâhistoire est premiĂšre. 40Cette perception complĂ©mentaire du donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ© va permettre de mieux saisir le regard Ă poser sur le mystĂšre de la croix. De cette maniĂšre, câest lâacte thĂ©ologique lui-mĂȘme qui va trouver ici un principe particulier dâexplication. d. Philippe Vallin le Christ au service de lâunitĂ© 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante ... 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale ⊠apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă lâĂ©vidence une plus ... 41Le titre dâune Ă©tude de Philippe Vallin indique lâintĂ©rĂȘt quâelle peut revĂȘtir dans le cadre de notre recherche la mĂ©thode de Catholicisme57 ». Ă travers une distinction empruntĂ©e Ă lâanatomie, lâauteur sâinscrit directement dans lâidĂ©e dâorganicitĂ© de la pensĂ©e lubacienne. Ă une coupe frontale » du dogme, qui risque dâĂ©clater les mystĂšres divins en autant de traitĂ©s thĂ©ologiques autonomes, le PĂšre Vallin substitue une coupe sagittale58 ». Ces deux coupes » rĂ©pondent Ă deux maniĂšres dâenvisager le travail thĂ©ologique dans un cas, chaque aspect du mystĂšre est considĂ©rĂ© selon sa logique propre ; dans lâautre, les divers aspects ne sont apprĂ©ciables quâen dĂ©pendance des autres, de la totalitĂ© du MystĂšre. Dans lâabsolutisation du premier, nous aboutirions Ă une thĂ©ologie des manuels, contre laquelle le PĂšre de Lubac sâest dĂ©pensĂ©. Ă lâopposĂ©, Catholicisme dĂ©couvre une tournure nouvelle de lâacte thĂ©ologique, que lâimage de la coupe sagittale » cherche Ă dessiner59. 42Notre lecture de Catholicisme sâinscrit ainsi directement dans la continuitĂ© de celle proposĂ©e par Vallin. Pour celui-ci, Lubac fait apparaĂźtre ses thĂšmes thĂ©ologiques dans leur corrĂ©lation constitutive, ce qui suppose le rĂŽle indispensable dâun centre ». Mais sa maniĂšre de considĂ©rer le rĂŽle de ce pĂŽle central va arrĂȘter notre attention 60 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 64. On aura ⊠mieux compris le projet du P. de Lubac dans Catholicisme, si lâon reconnaĂźt avec lui que cette scission tragique qui affecte la crĂ©ation aprĂšs le pĂ©chĂ©, risque dâaffecter jusquâĂ lâexposition mĂȘme des mystĂšres de la foi au lieu quâon y trouve comme dans lâĂcriture la marque mĂȘme et lâĂ©nergie de leur rĂ©union60. 61 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 63. Cela renvoie Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19. 161-162. 43Cette derniĂšre idĂ©e mĂ©rite dâĂȘtre creusĂ©e. De la scission entre les hommes, due au pĂ©chĂ©, Ă la dualitĂ© rencontrĂ©e dans lâexposĂ© thĂ©ologique, y a-t-il continuitĂ© directe ? Vallin fait remarquer que le PĂšre de Lubac rend compte, par deux fois, de maintes dualitĂ©s mal assumĂ©es » il sâagit essentiellement de la lutte entre la chair et lâesprit » et de lâopposition entre Juifs et Gentils61 ». La proximitĂ© entre ces deux oppositions conduit presque invinciblement Ă une explication parallĂšle. Pour autant, Lubac distingue davantage les plans certains aspects de lâexistence sont relatifs au pĂ©chĂ© et Ă la destruction de lâunitĂ© primitive. Ils appellent un rĂ©tablissement entier. Dâautres Ă©lĂ©ments, du fait mĂȘme du paradoxe », sont liĂ©s Ă lâexposĂ© ou Ă lâintelligence de la rĂ©vĂ©lation. Ceux-ci nâappellent pas de dĂ©passement ou de rĂ©solution. Dans un cas comme dans lâautre, si le Christ joue un rĂŽle essentiel, son efficacitĂ© diffĂšre. 62 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera ... 44Dans une premiĂšre sĂ©rie de dualitĂ©s », symbolisĂ©e par lâopposition entre Juifs et Gentils, notre auteur se rĂ©fĂšre Ă la conception patristique selon laquelle le pĂ©chĂ© rompt lâunitĂ© absolue de la crĂ©ation. Pour les PĂšres, le pĂ©chĂ© a voilĂ© cette clartĂ© initiale. Cette blessure attendait son mĂ©decin. La croix apparaĂźt alors comme langage de misĂ©ricorde pour un rĂ©tablissement maintenons-nous dans la perspective ancienne, propose Lubac Ćuvre de restauration, la RĂ©demption nous apparaĂźt par le fait mĂȘme comme le rĂ©tablissement de lâunitĂ© perdue. ⊠Le Christ est cette aiguille qui, douloureusement percĂ©e lors de la passion, ⊠rĂ©pare ainsi la tunique jadis dĂ©chirĂ©e par Adam, cousant ensemble les deux peuples, celui des Juifs et celui des Gentils, et les faisant un pour toujours62 ». La rĂ©ponse au pĂ©chĂ© est une unitĂ© retrouvĂ©e, une paix restaurĂ©e. La division est dĂ©passĂ©e, pardonnĂ©e. 63 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 45Dans la seconde sĂ©rie de dualitĂ©s », signifiĂ©e par lâopposition entre chair et esprit, la visĂ©e nâest pas identique. Dans cet autre contexte, Ă©crit Lubac, la rĂ©vĂ©lation » elle-mĂȘme nous offre un couple dâaffirmations qui paraissent dâabord discontinues ou mĂȘme contradictoires » ; or, de ces contradictions, nulle rĂ©conciliation, nulle rĂ©unification ultĂ©rieure nâest attendue. Si la logique de la rĂ©vĂ©lation impose de dĂ©passer le plan superficiel oĂč les contradictions sâĂ©talent », ce nâest pas dans lâattente dâun passage Ă une unitĂ© supĂ©rieure. Il sâagit de pĂ©nĂ©trer en des rĂ©gions plus profondes oĂč ce qui ⊠était scandale devient tĂ©nĂšbre lumineuse63 ». Ici, le langage de la croix, comme parole de misĂ©ricorde, dĂ©voile une perspective nouvelle celle de la prodigalitĂ©. En faisant entrer lâhomme dans lâamitiĂ© divine, Dieu ouvre Ă lâintelligence de lâhomme des perspectives absolument neuves. Le Verbe, dans le fait mĂȘme de la croix, assume la logique duelle. Le christocentrisme de la foi, ici, ne regarde plus la croix comme Ă©tape pour un rĂ©tablissement mais comme consĂ©cration et authentification de la forme de la rĂ©vĂ©lation. Nous retrouvons la caractĂ©ristique du mouvement lubacien du paradoxe, qui tient ensemble les termes opposĂ©s pour ouvrir le chemin dâune mystique authentique. Sâil est une lumiĂšre nouvelle Ă espĂ©rer, celle-ci provient de lâintussusception du MystĂšre rĂ©vĂ©lĂ©, lequel se donne sous une forme Ă©nigmatique parce quâantinomique la croix en est le sceau resplendissant. 46Autrement dit, si nous reprenons les termes du PĂšre Vallin, il faut dire quâil y a un risque » que la scission tragique qui affecte la crĂ©ation ⊠affect[e] jusquâĂ lâexposition mĂȘme des mystĂšres de la foi ». Mais, en ce qui concerne lâ exposition des mystĂšres », la faute ne tient pas Ă lâimpossibilitĂ© de parvenir Ă une unitĂ© supĂ©rieure. Bien plutĂŽt le pĂ©chĂ© fausserait lâintelligence en cherchant Ă dĂ©passer les dichotomies du langage divin par un regard qui se voudrait unifiant mais qui, au final, serait une mutilation. Les deux perspectives que Vallin met au jour ne sont donc pas superposables. Dans un cas, celui de la situation post-lapsaire, lâunitĂ© est un but auquel on ne peut renoncer sans pĂ©cher contre lâespĂ©rance. Dans lâautre, on pĂšcherait contre la prudence et lâhumilitĂ© devant le mystĂšre en voulant rĂ©soudre les termes opposĂ©s. 64 Qui sâengagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă indiquer comment le mystĂšre de la croix est bi ... 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale⊠», p. 94. 47Le mystĂšre de la croix, cependant, nâest pas double entre ces deux orientations la continuitĂ© est indirecte ou, plus justement, intĂ©rieure. Il faudrait alors rĂ©flĂ©chir le lien entre la division de lâhumanitĂ© et lâaccueil de la rĂ©vĂ©lation qui, dans son affirmation de Dieu, ne peut dĂ©passer les oppositions sans retomber dans la nĂ©gation64. Il y a thĂ©ologie, Ă©crit Ă ce sujet Moulins-Beaufort, parce que la RĂ©demption est aussi RĂ©vĂ©lation65 ». * ** 48Partis du simple constat que le plan de Catholicisme nâest pas si aisĂ© quâon le voudrait Ă interprĂ©ter, nous aboutissons Ă un regard dâensemble sur lâacte thĂ©ologique du PĂšre de Lubac. Celui-ci est fortement marquĂ© par lâĆuvre dâunitĂ© pour laquelle le Christ sâest fait chair et, de ce fait, par la place de lâhistoire. Mais son rĂŽle et, en son sein, celui de la Croix du Seigneur, diffĂšrent selon la perspective envisagĂ©e. Dans le premier ouvrage du jĂ©suite, deux orientations se croisent, quâillustrent les deux maniĂšres par lesquelles il rĂ©sume le mouvement tripartite de son Ă©tude. 49Dâun cĂŽtĂ©, quand il sâagit de prendre en compte lâunitĂ© de la crĂ©ation brisĂ©e par le pĂ©chĂ© et la mort, le croyant doit partir de lâacte du Christ inscrit dans lâhistoire. Celui-ci est premier ; il est appelĂ© Ă se dĂ©ployer pour que lâunitĂ© soit pleinement restaurĂ©e par le jeu de lâintelligence spirituelle, la foi conduit ainsi sur un chemin dâintĂ©riorisation du mystĂšre. Il sâagit, en ce cas, de lâenchaĂźnement diachronique des trois caractĂ©ristiques du dogme chrĂ©tien historique â social â personnel. Lubac lâĂ©voque trĂšs rĂ©guliĂšrement, inversant lâordre des parties de Catholicisme. Sâil nâindique jamais les raisons de ce changement, la lecture proposĂ©e a permis dâen prendre conscience. Par-lĂ , nous percevons que le principe de lâintelligence spirituelle, pour Henri de Lubac, nâest pas un exercice dĂ©sincarnĂ©. Bien au contraire lâunitĂ© recherchĂ©e est profondĂ©ment liĂ©e Ă lâancrage de lâĂ©vĂ©nement de la croix dans la premiĂšre Alliance, ainsi quâĂ ses rĂ©percussions dans notre existence. 50En revanche, dans le domaine de lâintelligence rĂ©flexive du mystĂšre et de son unitĂ© fondamentale, le chrĂ©tien opĂšre de maniĂšre synchronique. NâĂ©tant plus, en ce cas, dans la perspective dâintĂ©gration existentielle de lâunitĂ© brisĂ©e par le pĂ©chĂ©, il nây a pas de dĂ©passement des oppositions Ă attendre. LâenchaĂźnement des trois parties donnĂ©es effectivement dans Catholicisme se rĂ©fĂšre Ă cette logique ; ici, la place du Christ et de lâhistoire est centrale câest au cĆur de son mystĂšre que peuvent se rencontrer les aspirations sociale ou personnelle de la foi, de mĂȘme que toutes les oppositions que celle-ci met en avant. LâunitĂ©, de ce point de vue, nâest pas Ă attendre comme un moment lointain elle est Ă saisir dans lâacte dâintelligence du mystĂšre qui, Ă ce point, se mue en Ă©lan mystique. 66 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 67 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 51MarquĂ©e par la profondeur des divisions dues au pĂ©chĂ© des hommes, la thĂ©ologie du PĂšre de Lubac cherche ainsi Ă montrer la route de lâunitĂ©. Celle-ci se prĂ©sente sous un double aspect. Le premier fait Ă©cho au dĂ©sir dâunitĂ© retrouvĂ©e et nous rejoint au plus concret de notre existence. Le second sâappuie sur la capacitĂ© de lâintelligence de se laisser fĂ©conder par les antinomies de la pensĂ©e et de la vie. Le premier ouvrage de Lubac ne cesse de nous faire passer dâun point de vue Ă lâautre ; et toute son Ćuvre thĂ©ologique est ainsi portĂ©e par cette double attention. Nous pouvons dĂšs lors comprendre avec plus de prĂ©cision ces mots de notre auteur lâharmonie primitive, dĂ©truite aussitĂŽt que posĂ©e, sera reconstruite Ă travers des Ă©preuves sans nombre, mais dans une complexitĂ© plus riche et selon un plan embelli66 ». La restauration envisagĂ©e par le dogme chrĂ©tien nâest pas un simple retour Ă la situation antĂ©-lapsaire câest un rĂ©tablissement qui ouvre une voie dâexpansion du MystĂšre et dâenrichissement de son impression dans le cĆur qui lâaccueille ; felix culpa, â mirabilius reformasti », rappelait le jĂ©suite67. Haut de page Notes 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M. le chanoine Bardy Ă©crivait rĂ©cemment que si lâon faisait un scandaleux abus de compliments sur âles livres qui sâimposentâ, il venait dâen lire un qui, par exception, effectivement, âsâimposeâ â et câest le magnifique ouvrage du R. P. de Lubac, S. J., sur les aspects sociaux du dogme », SupplĂ©ment Ă la âVie spirituelleâ 57 1938, p. 123. 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire », Communio 33/5 2008. La citation est tirĂ©e de lâĂ©ditorial Ă. de Moulins-Beaufort, Henri de Lubac lâĂglise dans lâhistoire des hommes », Ibid., p. 8. Outre ceux sur qui seront Ă©voquĂ©s directement dans ces pages, signalons quelques travaux Calvez, Relire âCatholicismeâ de Henri de Lubac », Ătudes 3754 1991, p. 371â378 ; D. Bertrand, Patristique et apologĂ©tique. Catholicisme », Bulletin de lâInstitut Catholique de Lyon, 118 1997, p. 17â29 ; M. Figura, Lâextension catholique selon le premier ouvrage de Henri de Lubac, Catholicisme », Communio 37/6 2012, p. 33â48. 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 Ă. de Moulins-Beaufort, âĂ plusieurs un seul corpsâ. Les dimensions eucharistiques de lâunitĂ© selon Henri de Lubac », Communio 39/ 6 2014, p. 23. 30. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, Ćuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 287. 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, Ćuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV. Nous soulignons. On notera ce commentaire âunir pour distinguerâ cet aphorisme dâorigine blondĂ©lienne indique la volontĂ© de ne pas se mettre en position dĂ©fensive pour Ă©clairer ce que dit le christianisme », G. Chantraine, La thĂ©ologie du surnaturel selon Henri de Lubac », 119 1997, p. 226. 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă V. Franco Gomes, Le paradoxe du dĂ©sir de Dieu. Ătude sur le rapport de lâhomme Ă Dieu selon Henri de Lubac, coll. Ătudes lubaciennes, 4, Paris, Cerf, 2005. 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de lâĂcriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, Aubier-Montaigne, 1959, p. 333-334. 10 H. de Lubac, Paradoxes, Ćuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie dâĂ©numĂ©rations typiquement lubacienne Dieu crĂ©e le monde pour sa gloire, ⊠et cependant par bontĂ© pure ; lâhomme est actif et libre, et cependant il ne peut rien sans la grĂące ⊠; la vision de Dieu est un don gratuit, et pourtant son dĂ©sir sâenracine au plus profond de tout esprit⊠», H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 11 H. de Lubac, Surnaturel. Ătudes historiques, Paris, Lethielleux â 2010, p. 484. 12 H. de Lubac, Les Ăglises particuliĂšres dans lâĂglise universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. 50-51. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur lâoccasion de mes Ă©crits, Ćuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 135. 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant lâindispensable fonction de lâintelligence des Ăcritures pour comprendre le rapport entre thĂ©ologie et mystique. Voir B. Dumas, Mystique et thĂ©ologie dâaprĂšs Henri de Lubac, coll. Ătudes lubaciennes, 8, Paris, Cerf, 2013. 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment ses premiers articles. Une bonne illustration se rencontre dans lâarticulation entre pouvoir temporel » et pouvoir spirituel ». Lâun et lâautre ne peuvent se rencontrer et se fĂ©conder mutuellement quâĂ lâintĂ©rieur de la conscience personnelle. Voir H. de Lubac, Le pouvoir de lâĂglise en matiĂšre temporelle », Revue des Sciences Religieuses. 12 1932, p. 329-354. Repris sous le titre LâautoritĂ© de lâĂglise en matiĂšre temporelle », dans ThĂ©ologies dâoccasion, Paris, 1984, p. 215-254. 16 G. Chantraine, La âcorrĂ©lation radicaleâ des Ăglises particuliĂšres et de lâĂglise universelle chez Henri de Lubac », Ecclesia tertii millenii advenientis. Omaggio al P. Ăngel AntĂłn, F. Chica, S. Panizzolo et H. Wagner Ă©d., Piemme, Casale Monferrato, 1997, p. 82. 17 G. Chantraine â Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. Ătudes lubaciennes, 9, Paris, Cerf, 2013, p. 70. 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă une reprise faussĂ©e des termes de Lubac la clef qui permet de rĂ©soudre cette aporie potentielle entre unitĂ© et distinction, et donc entre personnelle et universelle, est la catĂ©gorie dâunion », Ibid., p. 104-105. Outre que les deux pages de Catholicisme sur lesquelles lâauteur fonde cette remarque tĂ©moignent, par deux fois, dâune quasi-identitĂ© entre antinomie » et paradoxe », il en vient surtout Ă poser une aporie potentielle » entre unitĂ© et distinction qui ne trouve pas de fondement dans la pensĂ©e de Lubac. Ces deux termes, nous lâavons vu prĂ©cĂ©demment, ne sont jamais opposĂ©s dialectiquement. Ils sont intĂ©grĂ©s lâun dans lâautre, de telle sorte quâon ne peut mettre en parallĂšle lâantinomie apparente entre unitĂ© et distinction » et celle qui oppose effectivement le personnel et lâuniversel ». 19 Lettre de Lubac Ă G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. XIV. 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ anciennes Ă lâendroit de son auteur. DĂšs le temps du scolasticat, solidaire en cela de toute une gĂ©nĂ©ration, le jeune religieux attirait sur lui des regards soupçonneux ; une mĂ©fiance qui ira en sâamplifiant Ă mesure de son enseignement et, plus encore, de ses publications. 21 H. de Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. II. 23 Congar, Sainte Ăglise. Ătudes et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, Cerf, 1963, p. 521. Lâauteur continue les douze chapitres qui le [Catholicisme] composent se suivent sans quâil y ait entre eux un lien rigoureux et surtout un progrĂšs continu de la pensĂ©e ». 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 25 Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25-26. 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de lâunitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement surmontĂ© par aucune logique abstraite, quâelle soit du concept ou du jugement, quâelle fonctionne selon la loi dâidentitĂ© ou selon la loi de participation. Il y faut Ă la base une aperception rĂ©elle, qui saisisse dâun seul regard, hors de toute intuition spatiale, le lien du personnel et de lâuniversel. Mais il ne suffit pas que ce lien soit conçu pour quâil se rĂ©alise. LâidĂ©e de lâunitĂ© nâest pas lâunitĂ© mĂȘme », H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 27 Lâun des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est quâelle ⊠nâoffre plus un idĂ©al capable de rallier les hommes dâaujourdâhui, soucieux avant tout dâune mystique communautaire ». Ces mots sont tirĂ©s dâune recension non signĂ©e qui est un bon exemple de lâĂ©clectisme dĂ©plorĂ© par Lubac câest clairement la premiĂšre partie qui retient ici lâattention. Lâauteur insiste sur les services rendus par cet ouvrage pour lâ apostolat social ». Voir le SupplĂ©ment Ă âLa vie spirituelleâ 57 1938, p. 123-125. Ceci Ă©tant, lâauteur termine en invitant Ă retrouve[r] », dans Catholicisme, le secret de lâunitĂ© ». On ne saurait mieux dire. 28 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. Lâhomme et son Ćuvre, coll. Le sycomore, Paris â Namur, Lethielleux â Culture et vĂ©ritĂ©, 1983, p. 67. 29 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinalâŠ, p. 74. 31 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 157. 32 Ă. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil dâune Ćuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, LâidĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme auteur Ă©crivait, quelques pages auparavant, que la troisiĂšme partie se prĂ©occupe surtout de dissiper quelques malentendus », ibid., p. 58. 35 Wagner, Henri de LubacâŠ, p. 154. 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, t. 1, p. 192. 37 En gros, lâon peut dire que lâouvrage veut montrer le caractĂšre Ă la fois social, historique et intĂ©rieur du christianisme, cette triple note lui confĂ©rant ce caractĂšre dâuniversalitĂ© et de totalitĂ© exprimĂ© au mieux par le mot âcatholicismeâ », Lubac, MĂ©moireâŠ, p. 25. 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique⊠», p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les valeurs personnelles ⊠et comment son double caractĂšre historique et social nâest pas Ă comprendre en un sens purement temporel et terrestre » p. XIII. Voir Ă©galement loin dâattĂ©nuer le caractĂšre historique et social de la religion dâIsraĂ«l » p. 135 ; on aperçoit peut-ĂȘtre maintenant comment le caractĂšre historique que nous avons reconnu au christianisme, autant que son caractĂšre social, assure le sĂ©rieux de ce rĂŽle » p. 288 ; le double caractĂšre historique et social que nous avons reconnu au catholicisme⊠» p. 308 ; il faut, en faisant le procĂšs de ce âsocialâ entiĂšrement temporalisĂ© qui domine aujourdâhui partout les esprits, et qui nâhĂ©rite quâen le dĂ©gradant du caractĂšre historique et social de notre foi⊠» p. 313. On retrouve la mĂȘme expression dans H. de Lubac, Histoire et EspritâŠ, p. 420. 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous lâavons fait le caractĂšre social du dogme et ce quâon pourrait appeler lâĂ©lĂ©ment unitaire du catholicisme, nâest-ce pas diminuer ou obscurcir dangereusement cette autre vĂ©ritĂ©, non moins essentielle, que le salut est pour chacun affaire personnelle », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 283 ; nous soulignons. Autre exemple lâhomme social, lâhomme historique de Marx nâa que deux dimensions. Le sentiment de lâĂternel ⊠doit lui restituer sa profondeur », ibid., p. 316-317 ; nous soulignons. Un contre-exemple de cette vision sociale et historique du monde que le christianisme nous a communiquĂ©e, elle [lâĂglise] sait tirer les consĂ©quences », ibid., p. 207 ; ici, le troisiĂšme terme nâest pas Ă©voquĂ©. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre⊠», p. 265. 42 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche dâun homme nouveau », dans Affrontements mystiques, Ćuvres complĂšte, t. 4, p. 270. Ăgalement mystĂšre Ă la fois historique et spirituel, intĂ©rieur et social », ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©valeâŠ, p. 196. Une autre fois, on lit il fallait [au temps de Renan] aussi prĂ©venir le double mirage, mirage dâun pseudo-mysticisme social et mirage dâun nouveau millĂ©narisme », CatholicismeâŠ, p. 264 ; on passe alors du social » Ă lâ historique ». Sâagissant des sens spirituels de lâĂcriture, Lubac reprend lâimage de la triple note » concernant cette interprĂ©tation [qui] se prĂ©sente Ă la fois comme spirituelle, historique et sociale », CatholicismeâŠ, p. 157. 44 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie Le christianisme et lâhistoire ». 45 Lubac en donnait dâailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©tiennes avaient un sentiment trĂšs vif de cette solidaritĂ© de tous les individus et des diverses gĂ©nĂ©rations dans la marche vers un mĂȘme salut. ⊠CâĂ©tait lâespoir du salut de la communautĂ©, condition de salut des individus ». Il Ă©voquait Ă©galement une inclusion de lâespoir personnel dans la grande espĂ©rance commune », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 92. 46 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 297. 47 H. de Lubac, Le drame de lâhumanisme athĂ©e, Ćuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 48 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar â G. Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ©rĂ©e Catholicisme nous engage ⊠dans lâentreprise consistant Ă construire, en Ă©vitant lâhistoricisme, une thĂ©ologie de vĂ©ritable synthĂšse Ă partir des sources premiĂšres », Ibid, p. 74. 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©ologie et saintetĂ© », Dieu vivant 12 1948, p. 17-31. 51 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 50-51. 52 Balthasar â Chantraine, Le cardinal Henri de LubacâŠ, p. 66, note 6. 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28. Lâauteur poursuit la tragique scission de lâIdĂ©e et de lâHistoire se constitua de nouveau, et de nouveau en faveur dâun monde des IdĂ©es oĂč lâhistoire nâavait pas de place. On cessa de voir dans la rĂ©vĂ©lation historique lâĂ©vĂ©nement qui sâimpose Ă lâintelligence et Ă lâobĂ©issance comme toujours actuel », ibid., p. 29. 54 Aujourdâhui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, a disparu de la dogmatique. Elle abandonne son travail essentiel Ă une prĂ©tendue âexĂ©gĂšseâ qui, sans prendre conscience de son devoir dogmatique, le laisse aux historiens et aux philologues », von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté⊠», p. 28-29. 55 Villemin, FĂ©condité⊠», p. 107. 108. 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă la distinction que Lubac fait entre le systĂšme des trois ou des quatre sens de lâĂcriture. Mais nous laissons cela de cĂŽtĂ© ici. On se reportera, notamment, Ă la 1Ăšre section du 4e chapitre dâHistoire et Esprit Le triple sens de lâĂcriture ». 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante de la foi », Communio 33/5 2008, p. 55-66. 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale ⊠apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă lâĂ©vidence une plus grande justesse pour lâinvestigation dâun corps inscrit dans les trois dimensions de lâespace ; mais surtout le respect dâun facteur dĂ©cisif de la corporĂ©itĂ© humaine, la symĂ©trie latĂ©rale â avec lâexception des asymĂ©tries selon les cas â puisque lâhomme est droitier ou gaucher ». Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 62. 60 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 64. 61 Vallin, La mĂ©thode⊠», p. 63. Cela renvoie Ă H. de Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19. 161-162. 62 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera les parties disjointes de la crĂ©ation. ⊠Par son unique Sacrifice, il fera donc de toutes les nations un seul Royaume », Lubac, CatholicismeâŠ, p. 19-20. 63 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 284. 64 Qui sâengagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă indiquer comment le mystĂšre de la croix est bien centre » unique et essentiel le langage de misĂ©ricorde et de pardon Ă©tant alors reconnu comme principe intĂ©rieur dâunitĂ© de la rĂ©vĂ©lation qui se dira toujours en paradoxe. Le rĂ©tablissement acquis par lâacte rĂ©dempteur indique une rĂ©unification certaine ; mais la saisie rĂ©flexe, intellectuelle et spirituelle, de cette unitĂ© retrouvĂ©e, en vertu du mĂȘme sacrifice de rĂ©demption, doit accueillir les contradictions. 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale⊠», p. 94. 66 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. 67 Lubac, CatholicismeâŠ, p. 20. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Emmanuel Decaux, La place de lâhistoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne lâintuition dâHenri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses, 89/2 2015, 201-220. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Emmanuel Decaux, La place de lâhistoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne lâintuition dâHenri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses [En ligne], 89/2 2015, mis en ligne le 01 avril 2017, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
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ï»żse propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas mare dans sa propre maison ». Freud, Introduction Ă la psychanalyse, 1917. L'homme comme tout ĂȘtre vivant pense sans cesse, mais ne le sait pas; la pensĂ©e qui devient consciente n'en est que la plus petite partie, disons la partie la plus mĂ©diocre et la plus superficielle. » Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. L'hypothĂšse de l'inconscient est nĂ©cessaire [...], parce que les donnĂ©es de la conscience sont extrĂȘmement lacunaires. » Freud, MĂ©tapsychologie, 1952 posth. Il existe deux variĂ©tĂ©s d'inconscient les faits psychiques latents, mais susceptibles de devenir conscients, et les faits psychiques refoulĂ©s qui, comme tels et livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes, sont incapables d'arriver Ă la conscience. [...] Nous rĂ©servons le nom d'inconscients aux faits psychiques refoulĂ©s. Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il Ă©voque les petitesperceptions. Il montre ainsi que notre perception consciente est composĂ©ed'une infinitĂ© de petites perceptions. Notre appĂ©tit conscient est composĂ©d'une infinitĂ© de petits appĂ©tits. Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit quenotre perception consciente est composĂ©e d'une infinitĂ© de petitesperceptions, exactement comme la perception du bruit de la mer estcomposĂ©e de la perception de toutes les gouttes d'eau ? Les passages duconscient Ă l'inconscient et de l'inconscient au conscient renvoient Ă uninconscient diffĂ©rentiel et pas Ă un inconscient d'opposition. Or, c'estcomplĂštement diffĂ©rent de concevoir un inconscient qui exprime desdiffĂ©rentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime uneforce qui s'oppose Ă la conscience et qui entre en conflit avec elle. End'autres termes, chez Leibniz, il y a un rapport entre la conscience etl'inconscient, un rapport de diffĂ©rence Ă diffĂ©rences Ă©vanouissantes, chezFreud il y a un rapport d'opposition de forces. "D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a Ă tout moment uneinfinitĂ© de perceptions en nous, mais sans aperception et sans rĂ©flexion,c'est-Ă -dire des changements dans l'Ăąme mĂȘme dont nous ne nousapercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en tropgrand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant Ă part, mais jointes Ă d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de sefaire sentir au moins confusĂ©ment dans l'assemblage. C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pasgarde au mouvement d'un moulin ou Ă une chute d'eau, quand nous avons habitĂ© tout auprĂšs depuis quelque n'est pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dansl'Ăąme qui y rĂ©ponde, Ă cause de l'harmonie de l'Ăąme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'Ăąme et dans lecorps, destituĂ©es des attraits de la nouveautĂ©, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notremĂ©moire, attachĂ©es Ă des objets plus occupants. Car toute attention demande de la mĂ©moire, et souvent quandnous ne sommes plus admonestĂ©s pour ainsi dire et avertis de prendre garde, Ă quelques-unes de nos propresperceptions prĂ©sentes, nous les laissons passer sans rĂ©flexion et mĂȘme sans ĂȘtre remarquĂ©es ; mais si quelqu'unnous en avertit incontinent aprĂšs et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nousnous en souvenons et nous nous apercevons d'en avoir eu tantĂŽt quelque sentiment .... Et pour juger encoremieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exempledu mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappĂ© quand on est au rivage. Pour entendre ce bruit comme l'onfait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-Ă -dire les bruits de chaque vague, quoiquechacun de ces petits bruits ne se fasse connaĂźtre que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-Ă -dire dans ce mugissement mĂȘme, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait Ă©tait seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain Il y a donc en nous des pensĂ©es, des sentiments qui ne sont pas assez forts pour attirer notre attention. Mais cesprocessus ne sont pas vĂ©ritablement inconscients, au sens oĂč Freud l'entend, car ils pourraient ĂȘtre renduspleinement et fortement conscients si on leur accordait une attention peu dans la continuitĂ© de Leibniz, Bergson soutient, dans MatiĂšre et mĂ©moire, que la conscience n'est pas toutnotre psychisme. Elle en est la part intĂ©ressĂ©e Ă l'action et au prĂ©sent. La conscience a surtout pour rĂŽle deprĂ©sider Ă l'action et d'Ă©clairer un choix ». C'est pourquoi elle projette sa lumiĂšre sur les antĂ©cĂ©dents immĂ©diats dela dĂ©cision et sur tous ceux des souvenirs passĂ©s qui peuvent s'organiser utilement avec eux ». Le reste demeuredans l'ombre.. »
l inconscient n est il qu une conscience obscurcie